Accueil > Association des Médecins Marathoniens Médocains > 2009 - Lesparre > Sommeil et course d’endurance

Sommeil et course d’endurance

dimanche 14 novembre 2010, par

Il est admis que le sommeil est associé à des processus de récupération à la fois physique et psychique. Le sommeil peut être aussi défini comme un état de vigilance alternant avec la veille. On parle ainsi de rythmes veille sommeil.
Sur le plan fonctionnel la définition fonctionnelle donnée par JANET (1889) « Le sommeil est nécessaire à la prise en compte de l’expérience vécue et à l’adaptation de la réponse » est toujours d’actualité.
Le sommeil peut donc être considéré comme un processus fonctionnel survenant de façon périodique.
Ce processus est régulé selon un double système (BORBELY 1982 – fig 1) homéostasique et circadien. Durant la période d’éveil se développe une pression de sommeil (S) qui se réduit durant la période de sommeil. La durée de la période de sommeil étant dépendante du moment où débute le sommeil (C). Ce double modèle homéostatique et circadien permet de rendre compte des moments de survenue du besoin de sommeil (le marchand de sable) et de la durée nécessaire au bon déroulement du sommeil.
Il est connu que la bonne adaptation de l’organisme aux efforts qui lui sont imposés est nécessaire à la réalisation de performances sportives. Le sommeil, s’intègre dans la préparation des athlètes comme on peut le faire pour ce qui est de la force musculaire, de l’adaptation cardiovasculaire, des capacités sensori-motrices, etc…).
L’analyse du sommeil permet de mettre en évidence une organisation périodique en cycles. Ces cycles ont une durée de l’ordre de 1h30 et sont habituellement au nombre de quatre ou cinq dans une nuit (fig 2). Le temps de sommeil moyen étant alors de l’ordre de 7h30.
L’analyse de l’hypnogramme montre une différence de répartition des différents stades de sommeil à l’intérieur des cycles selon que l’on est en début ou en fin de période de sommeil. Le sommeil « Lent », caractérisé par une activité Electro-encéphalographique « Delta » est prépondérant en début de nuit alors que le sommeil « Paradoxal » avec activité EEG « rapide » occupe la deuxième partie de nuit. Il est aussi montré que la sécrétion d’hormones comme l’hormone de croissance ou la prolactine est associée au sommeil lent.
Il est donc aisé de comprendre que la réduction du temps de sommeil, ou la « privation chronique » a pour effet de perturber l’organisation du sommeil et les processus associés. Ceci à la fois sur le plan physique et psychique.
L’exercice physique est aussi connu pour sa part comme promoteur de la sécrétion d’hormone de croissance (EIGH). Les mécanismes en jeu reposant sur l’importance des stimulations afférentes, le rôle du NO et des lactates ( Godfrey 2003). L’hormone de croissance ayant un rôle au niveau musculaire, osseux, du collagène et métabolique . Il existerait par ailleurs des relations entre sommeil paradoxal et hormones surrénaliennes.
Les courses d’endurance comme le marathon induisent des modifications biologiques comme l’augmentation des créatine-kinases mais aussi des modifications ultra-structurales au niveau du muscle (mitochondries, sarcomères, endothélium capillaire) suivies d’une phase de régénération les semaines suivantes. Durant cette phase de régénération il est observé une prolifération des cellules satellites et une augmentation du collagène (Wharol MJ 1985). Il est connu qu’un « bon équilibre neuro-endocrinien » est nécessaire à au bon fonctionnement de cette période de régénération.
Sur le plan pratique, il est donc nécessaire d’intégrer le sommeil comme un « processus actif » à la fois dans la préparation et dans la période de récupération des courses d’endurances. Durant la phase de préparation il est indispensable d’éviter de se trouver en situation de privation de sommeil. Le « surentrainement étant à éviter ». De même il est aussi indispensable de préserver une bonne hygiène du sommeil durant la période de récupération. Si l’on en croit ce que disent les marathoniens, la durée de la période de récupération étant de 24h par kilomètre parcouru !

Portfolio